Le carton est arrivé ce matin...non.... pas celui de l'invitation au mariage du siècle dans la très chic Abbaye de Westminster...mais celui, oh! combien plus exceptionnel, nous demandant ,dans un français académique de participer à un barbecue ...ce soir à 19 heures très précise.
Ce merveilleux précieux petit bristol nous a été délivré par un facteur très emblématique:
suspendu au bout d'un canne de surfcasting, un poisson en bois flotté,tenant en son bec ,non pas un fromage, mais ce merveilleux parchemin, présage d' une soirée mémorable!
Naturellement, comme il est d'usage dans les raouts, le dress code n'est pas oublié:
Écailles de rigueur.
Diantre, fichtre, sacre bleu, mille sabords me dit mon mari, un peu capitaine à ses moments perdus, qu'est-ce à dire...une énigmede plus...pour la grande Zaza à la crinière de lin rien d'impossible!
Vite, un peu pantois tout de même par ce faire part au combien insolite, nous nous précipitons dans nos roberies respectives...
-un smoking, trop conventionnel.
-une queue de pie, pas le bon animal.
-une robe de sirène toute pailletée, superbe, mais il fait trop froid, et puis, elle a au moins trente ans, et la sirène d'alors ne rentre plus dedans.
-une combinaison de plongée, pourquoi pas...mais marcher avec des palmes, pas confortable, et manger avec le tuba encore moins...
désespérés devant l'heure qui s'égrène inexorablement, nous nous retrouvons dans le sous sol au rayon article de pèche...et, oui chez nous c'est un peu le BHV. Mon cher et tendre accumule!
Et là, miracle, suspendu au bout d'une esse, deux paires de waders...mais si...vous savez ces bottes qui montent jusque sous les aisselles, et que l'on met pour crapahuter dans les torrents, pour pêchez à la mouche. (pêcher à la mouche, je vous expliquerai dans un autre article).
Comme ce soir il va faire froid et que par définition un barboc...pour les initiés...se passe dehors, nous enfilons, collant, sous- pull et laine polaire, avant de pénettrer dans ces bottes de 7 lieues.
Ainsi harnachés, nous ne manquons de mettre nos suroîts de voileux, ainsi qu'un chapeau de marin pour mon mari et un ravissant turban en écaille pour moi, afin de faire genre!
Et nous voilà partit à la sauterie du siècle, que dis-je à celle ou nous nous devons d'être
si nous ne voulons pas paraître ringard, out, etc,etc...
Nous tintinnabulons la clochette, et vogue la galère.
Nous pénétrons dans l'antre de Mimi et Zaza la blonde aux cheveux de lin...zut la crinière de sirène est là, mais je ne vois pas l'appendice caudale.... Peut être l'a-telle laissé au vestiaire, cela n'est pas pratique pour attiser les braises.
J'entr'aperçois:
Le foyer qui flamboit, la table qui rougeoit grace aux cristaux et verreries jouant à cache cache avec les multiples bougies et candélabres, rouge, vous l'avez compris.
les sardines qui grilloient( en vieux François)
Nos hôtes un peu surpris de notre interprétation stricto facto du carton, se remettent doucement.
Une douce musique venant de nulle part nous dirige sur le chemin des agapes...
Dans ce jardin extraordinaire ou poussent des antennes radios tous les mètres,
des paraboles, des bilboquets à trois branches tournant une fois à droite, quatre fois à gauche, selon le vent, des mats s'unissent au figuier, une planche à voile sert
de lit aux deux matous noirauds, et à leur cousin en pyjama rayé, des assiettes empilées à l'envers comme station météo...enfin tout un attirail de radio amateur, vous savez les GV4KF appelle RC2HP, ceux qui vous font GRR...GRR dans votre ordinateur.
Allo Papa Tango Charly, répondez...
comme dans la chanson de Mort Schumann, nous sommes sûrement dans le triangle des Bermudes...
Le trou noir n'est-il pas loin? Moi qui ne vois pas bien le soir!
Allo Papa tango,Charly, je ne vous entend plus...
Je ne répond plus de rien...
Môrice...désespérément, j'appelle mon mari, je suis perdu au milieu de cette forêt de métal.
Heureusement, l'odeur des sardines me met sur le chemin du barbecue.
Enfin de la cuisine de chez moi, dans cet univers de bidouilleurs sur ondes je me raccroche à la seule chose connue de ma pauvre petite personne emmaillotée...l'effluve envoutante des sardines de mon pays...
Maurice aide moi à marcher, ces cothurnes cahoutchoutées...me font ressembler à une cane endimanchée. Je vais tomber...
Il rit...
Maurice ...je trouve que tu pousses un peu loin le bouchon!
Ah! la vie n'est pas un long fleuve tranquille dans ce doux village de Mimivilitch depuis l'arrivée de Zaza à la crinière de lin...
Mais les soirées n'y sont pas tristes...
Si vous passez par là, dans notre belle région des Pays de Loire, arrêtez vous dans ce petit coin où chaque jour une gaudriole est inventée pour le plus grand plaisir de ses quelques habitants privilégiés.