Comme d'habitude depuis un certain temps la pluie s'invite, par intermittence, pour nous préparer peut être à une rentrée morose...à moins qu'elle ne décide de déverser son trop plein , afin de nous concocter un mois de septembre digne des plus beaux étés indiens.
Ne sachant trop que faire, j'ai enfin osé pousser la porte d'un institut de balnéo-thérapie, histoire de ne pas perdre le contact avec cette mer trop mouillée actuellement!
J'ai osé...j'affabule, ma meilleur amie, (cadeau d'anniversaire m'a-t-elle dit) m'a invité
à pénétrer en sa compagnie, dans ce sanctuaire asceptisé.
La bâtisse en impose, tout de verre vêtue, elle ne peut que satisfaire mon oeil de professionnel aguerrit à ces structures métalliques, seuls soutiens de ces immenses parois
vitrées. La légèreté sous surveillance!
L'intérieur, moins architectural, vous met tout de suite dans l'ambiance.
Un hall de marbre de carrare, si blanc qu'il en devient immense, des banquettes moelleuses d'un bleu océan affichant ainsi le thème de l'institut:
Les bienfaits de la mer.
Tout d'abord, le passage incontournable devant des hôtesses formées certainement par Air France, à l'époque du Concorde me montre le chemin de la zen-attitude.
Après le choix de mon programme détente, je suis telle une enfant lors de sa première journée de maternelle, entraînée par une nounou vêtue de blanc immaculé (lavé avec Persil, Omo, ou Bonux pour les cadeaux, ) dans un ascenseur de verre digne des plus beaux dessins de BD, nous conduisant vers les profondeur du temple dédié à Aphrodite.
Atterrissage ou amerrissage en douceur.
La voix séraphique de ma coach m'annonce que je vais être prise en charge par:
une préposée aux bains d'algue.
Bains d'algue, rapidement ce mot tourneboule dans mon cerveau, et déjà je m'imagine
immergée dans un cloaque clapotant où le varech et autres filaments pas très ragoutants vont venir caresser ma divine personne, dans un bruit assourdissant de chaudron de sorcière...
Ne pouvant m'échapper, car ma divine sirène m'a ordonné de sa voix mélodieuse de laisser dans le vestiaire mes hardes de péquin lambda, j'obtempère et pénètre dans le sanctuaire oh! combien mystérieux du "bain d'algue".
Une douce musique,et une chaude lumière dispensée par les LED en immersion dans la baignoire m'accueillent.
L'eau me semble limpide, uniquement chahutée par le léger bouillonnement des jets latéraux.
D'un pieds presque rassuré, je pénètre dans le bassin...Je vais chercher les algues me dit mon mentor es-bain.
Oy, dès que je panique les incantations de ma Grand Mère ressurgissent, oy, j'imagine le pire.
Que nenni, de sa gracieuse main de Tanagra, elle verse dans mon bassin une mesure d'algues finement hachées, une potion qui doucement se délite au contact de l'eau. Miracle, je ne vais pas patauger dans un liquide aux remugles écoeurants.
Continuant de me materner, ma délicieuse préposée aux bains me demande si je désire un programme doux ou plus tonique.
Audacieuse, j'opte derechef pour la tonicité de la chose, maintenant que je sais ne plus devoir me protéger des algues vagabondes.
Après avoir fait glisser le cale pieds afin de m'éviter la noyade, tel un ectoplasme ,ma nurse s'évanouit derrière les vitres translucides de mon salon de bains, me laissant seule avec moi même...Chantal face à son destin.
Alors commence le concert.
Sur une musique de Vivaldi, je sens au bout de mes orteils mille petits doigts intrépides
jouant du piano avec la virtuosité d'un Glenn Gould dans son meilleur jour.
Puis, grimpant à l'assaut de mes mollets,
ils les enserrent, ils les martelent, suivant le crescendo du Boléro de Ravel.
Ne laissant pas de répit au tempo, les voici sur ma colonne vertébrale jouant du xylophone sur mes vertèbres pas toujours dociles.
Continuant l'ascension, ils attaquent les bras ( agaçant au passage ces "chichis" qui avec un plaisir sournois révèlent tout de go mon âge), les épaules et le cou...
Ne pouvant monter plus haut, je songe au repos...quand soudain, belote et rebelote, comme dirait Zaza aux cheveux de lin, ils recommencent...deux fois ,trois fois, dix fois et plus.
Et j'y prends goût.
Je fais amis amis avec ces petites créatures habitants mon bain bouillonnant, et imagine dans une douce torpeur frisant l'état second, un petit monde de doigts ouvriers qui, dans cette ruche aquatique travaillent inlassablement, pour le plaisir de la Reine, en l'occurrence ma petite personne.
Lorsque la machine arretera les travailleuses (peut être la pose syndicale)
je sortirai de ce bain avec beaucoup de regret, et tenterai vainement d'entr'apercevoir
mes abeilles marines qui pendant trente minutes mon enlevées les tensions. Mais emportées par la spirale siphonante, je ne verrais que quelques petits résidus d'algues.
A l'aide de ma nounou, je retrouverai en douceur la réalité de notre monde.
Après un stage sur un lit de repos, emmitouflée dans un peignoir aussi Bonux que le costumes de mes hôtesse, je repartirai d'un pied léger et très heureuse de cette expérience.
Mon amie a vraiment eu une idée de génie,( mais venant de sa part rien ne m'étonne), de m'offrir ce merveilleux cadeau.
Par temps de grisouille, vous pouvez venir y tremper votre pied!
Une recette des plus gourmandes