Un jour, alors que le soleil doucement se levait sur les cimes enneigées de la chaîne des Aravis,
je décidais de partir à l'assaut du lac du Lessy...
Voyant passer tous les matins des promeneurs qui n'avaient rien "du dimanche", bien équipés: bonnes chaussures, chapeau, lunettes, crème solaire, enfin toute la panoplie du touriste désirant en découdre avec la montagne, je piaffais de voir ce dont tous le monde parlait.
Entraînant dans cette aventure mon cher et tendre préféré, très tôt, nous voilà sur le chemin menant à ce lac mythique...
Ne pas confondre, nous ne partons pas à l'assaut de Nessy le monstre du Loc Ness, mais bien à la découverte de cette magnifique pièce d'eau appelé le Lessy située à 2600m environ, ayant oublié mon décamètre!
L'ascension nous semble bien facile...au départ...nous rencontrons des biquettes, nous entendons le son sourd si particulier des senailles que les vaches à la pâture portent autour de leur cou, nous indiquant que nous sommes encore très près de la civilisation... Nous admirons dame nature très offerte en ce mois de juin...
des rhododendrons sauvages, de la gentiane, des herbes folles qui chatouillent nos narines et commencent à me faire éternuer.
Et nous grimpons allègrement, d'abord,
puis au fur et à mesure que le sentier devient plus abrupt, le souffle plus court ( en bons citadins entraînés que nous sommes) nous oblige à ralentir la cadence.
Moins Tartarin, mais malgré tout gaillard, nous avançons, toujours plus loin, toujours plus haut.
Avec l'altitude, je deviens vite rubiconde des pieds à la tête, j'ai l'impression d'être en peu de temps gonflée comme une baudruche...rouge!
Enfin après quatre heures de marche tour à tour glorieuse et mollassonne, le lac mystérieux, le lac tant convoité, celui qui se mérite nous apparaît dans toute sa splendeur:
un miroir noir, délicatement posé, sans une ride, sans une trace de vie en son sein, juste une surface polie nichée au creux du vallon d'un vert rendu plus tendre par le contraste de l'eau.
Une herbe grasse, moelleuse nous offre une couche délicate pour nous restaurer, nous requinquer, et savourer ces instants, non pas de solitude, car nous ne sommes pas seuls, mais d'impression de "bout du monde", de jardin d'éden en tout point semblable à l'imagerie populaire.
Malgré tout, il nous faut songer au retour.
Mon compagnon, taquin, me propose de mettre mon bâton de marche en travers des bretelles de mon sac à dos, et de descendre en petites foulées comme à l'armée, précise-t-il.
Moi, en bonne épouse obéissante, j'obtempère, et me voilà partit telle une biche aux pieds d'airain.
je descend, , je m'envole, je cabriole, je gambade, et d'entrechat en pirouette, dans un retournement digne d'une danseuse étoile du Bolchoi, je m'aperçois que ma tendre moitié
est resté sur le carreau...du pré fleurit.
Remontant vers lui, je n'allais tout de même pas l'abandonner ...il me dit d'une voix brisée par la douleur ...je suis bloqué...je ne peux pas descendre...j'ai mal dans le dos au niveau des lombaires...vous remarquerez la précision!
Que faire...le prendre sur mon d'eau tel Atlas supportant la terre?
Lui confectionner une litière de branchages que je tirerai avec mon front telle une indienne...
Mais .en descente son poids risque de nous faire culbuter.
Stoïquement, il me dit d'une voix tenue, qu'il peut marcher à petits pas de côtés, comme lorsque l'on chasse le Dahu!
Ce retour qui s'annonçait rapide, durera plus longtemps que la montée.
Et moi, telle Lassy chien fidèle, j'effectue des allées et retours entre mon maître handicapé, et le chemin, car bien malgré moi, je prends de l'avance.
Enfin, parvenu au chalet, j'allonge le malade, et lui fait un massage au Syntol, qui, me semble-t-il le revigore.
Mais, cruel dilemme, que faire en montagne lorsque vous ne pouvez plus monter?
Vous en saurez plus en lisant le 325ème épisode de "ça va bouillir" ou la mouche
vaillante!
A paraître bientôt dans ce blog...