Comme c'est bon d'être enlevée des bras de Morphée, par la caresse d'une froidure un peu crue, il est six heures, peut être un peu plus, le jour se lève doucement, délicatement afin de ne pas me bousculer.
Une douce musique diffusée par le bruissement de l'eau sur la pierre plate de la cascade ravit mon oreille. Dans un état second, les yeux mi-clos, j'imagine
les poissons rouges et les carpes Koi, sortir des profondeurs de leur habitation tout en s'ébrouant lentement, et remonter à la surface du bassin pour grappiller un vermisseau ou un insecte qui n'aurait pas vue l'heure.
Mes orteils aventureux, osent sotirent, en reconnaissance, du matelas.
Ils viennent caresser, humer le parquet rendus si doux par l' huile de lin.
Ce parquet foulé par tant de pieds depuis la construction de cette maison " entonne la complainte des anciens" à certains endroits pour rappeler le temps qui passe, m'obligeant la nuit à faire preuve d'une grande délicatesse, et repérer les lames gémissantes, si je ne veux pas réveiller la maisonnée.
D'abord, telle une féline panthère, je m'étire des doigts de pieds jusqu'au cou, un côté, puis l'autre, enfin, les deux réunis. Je me tourne, retourne, , je me masse le crane avec la merveilleuse petite brosse aux picots gigotants (offert par Mimi, ma copine).
Enfin je me lève.
D'un bras décidé, je rejette la couette, et sitôt, devant la fenêtre inspecte le jardin.
Mon regard se perds sous le sapin géant, où mes petits enfants lors de leur passage, ont élu domicile.
Je les imagine, je les entends, je les rêve!
Le vert tendre de la pelouse glissant à l'infini derrière la haie de chèvrefeuille
me laisse entre apercevoir un jardin extraordinaire digne du château de Versailles!
Moi, la citadine habituée aux rumeurs de la grande ville dès potron minet, je ne peut que me féliciter d'avoir un jour, dans un moment de folie, décidé de déménager.
Quel bonheur chaque jour : ce silence religieusement écouté.
Le travail est plus aisé, pas de circulation, de contravention, d'énervement en cherchant une place de parking, pas de brouhaha permanent venant d'un quelconque périphérique.
Depuis ma venue dans cette bourgade charmante, mon temps multiplié par deux, me laisse du loisir: pour lire, pour rêver, pour écrire. Tous ce qui m'étaient, avant refusé.
Travailler, pas de problème, le train rapide, complice, a mis la Grande Ville dans ma campagne!
Je ne peux que m'applaudir d'avoir osé ce choix délicat, de plus, sans cela aurais-je rencontré la grande Zaza aux cheveux de lin?
Sylphe arrivée par les ondes amoureuses de Pétaouchnokville.
Encore une journée qui commence bien.