L'été s'achève, pourtant le soleil omniprésent me fait encore de l'oeil, je sens qu'il n'a pas envie de s'éclipser, comme pour se faire pardonner son inconstance des mois passés.
Il faut se rendre à l'évidence, le mois des vendanges est arrivé.
D'ailleurs, Maître Soleil n'est plus aussi brûlant, il me caresse doucement, ayant laissé son ardeur estivale dans la cabine du mois d'août, m'obligeant parfois même à emprunter une petite laine pour palier à sa baisse de vigueur, car en cette fin de mois, sa flamme vacille, se fait modeste, presque soumise...terminé son orgueilleuse domination des mois bénis du plein été.
Sur la plage abandonnée, (comme dans la chanson) coquillages et crustacés retrouvent
leur liberté, personne pour les écraser, seul le flux et le reflux des vagues viennent les caresser, les promener, parfois même les emporter au royaume de Poséidon afin de parer Amphitrite ou Thétis les plus célèbres des filles de Nérée et de Doris.
Car ces coquilles presque insignifiantes, si vous ne les regardez pas de très près, deviennent dans l'abîme de la mer, les précieuses parures dont raffolent les sirènes, les néréides, ou la belle Galatée à "la peau blanche comme le lait" et peut être Zaza, notre belle Zaza aux cheveux de lin!
Lorsque vous arpentez la plage, en faisant gémir avec un plaisir presque sadique le coquillage, sous la puissance de votre pas, songez que vous marchez sur les plus beaux bijoux que la nature a créée...
Imaginez tous les bijoutiers de la place Vendôme, offrant sur les trottoirs leurs gemmes les plus incroyables afin que nous y déposions nos délicats petons!
Impensable...et pourtant la nature n'est-elle pas la plus parfaite des créatrices?
J'aime marcher sur la plage, dès potron-minet. Terminé la touffeur de l'été, une brise légère me rappelle que l'automne se prépare, un fragment de pelle fait la causette avec
une passoire, un moule "étoile de mer" s'ennuie de son seau et de l'enfant qui le porte.Une revue abandonné par un estivant indélicat, tourne ses pages au gré du vent afin de diffuser une dernière fois les bonnes et peut être mauvaises nouvelles.
Ainsi est la fin de l'été.
Mais il faut en profiter, car chaque saison offre ses avantages.
Et puis terminé la crainte d'un coup de soleil,qui méchamment vous brûle la peau, et cette vilaine griffe que l'on nomme ride , conséquence d'une exposition trop intense.
Terminé cette peur du regard des autres sur ce bourrelet que vous n'avez pas réussi à gommer malgré tous les régimes essayés!
Nous allons rentrer dans notre cocon, retrouver nos grands pulls confortables qui ont l'art du camouflage!
Nous allons nous gaver de raisin, et plus avant dans la saison, nous nous noierons dans d'immenses tasses de chocolat bien chaud, dont la poudre de cacao laissera sur la commissure de nos lèvres un indice de gourmandise.
Nous oublierons l'été et ses drastiques contraintes.
Nous nous emmitouflerons dans les bras de l'automne puis de l'hiver, et lorsque les perce neige pointeront le bout de leurs pétales blanches, nous nous préparerons, nous nous lustrerons, nous nous bichonnerons pour offrir à la belle saison notre meilleur profil.
Ainsi va la vie!
Chantal