Après avoir ressortit du placard le ravissant petit maillot de l'année dernière...celui qui m'a coûté cher pour le peu de tissu employé...Période de crise oblige.
Me voilà dans ma pièce secrète...enfin ma roberie, à l'abri des regards indiscrets...
Vous savez:
ceux qui soupèsent,
jaugent,
évaluent,
estiment,
enfin ceux qui ont le don de vous agacer en ce début de printemps, où le corps bien calfeutré dans ses frusques hivernales à mis bas les abdos pour s'entourer d'un cocon graisseux, ouateux, moelleux, enfin toutes ces choses en eux ayant pour mission de nous protéger des frimas pendant ces quelques mois de retraite aux gâteaux!.
Premier reflex, en tenue d'Eve (hélas pas telle qu'au premier jour!)
à l'aide de mon variateur, je tamise la lumière avant de revêtir cette petite chose
missionnée pour "cacher ce sein que je ne saurais voir" et tous le reste d'ailleurs...
Enfin, je l'espère...
D'abord timidement, comme un jeune rosier, je jette un oeil...vais-je tenter le deuxième?
Je pivote sur la droite afin que mon meilleur profil se trouve dans la ligne de mire de
mon oeil de myope sans lentille.
Au travers de mon flou artistique, quoique... je juge que je peux oser sortir de mon refuge de nana complexée.
Doucement, en catimini, j'ouvre la porte, histoire de rester en tête à tête avec mes illusions, je me faufile, telle une ombre dans la salle de bains, où la lumière aveuglante de ce mois de mai précoce, me permet ainsi de passer devant le grand miroir sans découvrir la moindre petite imperfection...
Miracle, mirage,magie pas ou peu de défauts, que dire d'autre aurais-je passé l'hiver sans me faire du lard?
Je remonte bien ces petits morceaux de tissus, afin de tout remettre en place, vous voyez ce que je veux dire?
Et telle une poule d'eau à la parade, je commence à me sentir bien dans mes baskets,à prendre de l'assurance...et que je me tourne à droite, et puis un peu à gauche (à cause du moins bon profil), et que je me félicite d'avoir pour une fois résisté à la tentation d'une dépense inutile.
Je suis satisfaite, je vais pouvoir prendre mon premier bain de mer, patauger dans l'eau pas encore très chaude, arpenter la plage de sable blond , l'eau jusqu'aux genoux afin de favoriser la circulation, enfin profiter sans aucune retenu de ces plaisirs aquatiques.
Pas de bourrelets ou si peu, la cellulite discrète, la cuisse fière, telle une "vénus sortant de l'onde", je sens déjà sur ma peau le picotement de l'eau un peu fraîche...Et le regard de mon Cher et tendre, admiratif devant mon corps de sylphide...lui qui s'est un peu laissé aller!
Toute à ma complaisante inspection ...je trésaute en entendant une voix venue de la pièce d'à côté, un organe puissant, tonitruant qui diffuse à qui veut l'entendre ces quelques mots:
Tu l'as pris trop petit ton maillot, tu peux le rendre, il te faut au moins une taille de plus...Vraiment, tu ne peux rien acheter sans moi!
La "douche froide" avant le bain.