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27 janvier 2012 5 27 /01 /janvier /2012 20:25

 

J’ai vu le jour, dans le Paris des années cinquante…vous savez celui des chevaux tirant la voiture du laitier ou bien du marchand de pain de glace, du vitrier, du rémouleur, des chanteurs de rue, et des enfants n’ayant pas le droit de parler à table.

 

Entre les culottes   Petit Bateaux, les robes smockées de ma tendre enfance, et l’austérité de mon adolescence studieuse, je n’ai fait que suivre les directives de ma mère et les interdits de mon immigré de père !

 

Admettez-le : dans ce programme la fantaisie ne fait pas partie du paysage…

 

Pourtant, j’avais la sensation dans ma tête de petite fille enrubannée, que la vie ne devait pas être aussi réglementée.…pourquoi je ne saurais le dire…une impression

 

Que faire pour tromper l’ennui de cette vie coincée entre devoir et règles : lire, écrire de tous petits poèmes, histoire de s’amuser avec les mots ou bien assouvir cette envie de dessiner me grattant la main.

 

Etais-je douée…j’avoue ne pas m’être posé la question…je dessinais… ainsi j’avais la paix.

 

A 14 ans, dans mon cours complémentaire (le lycée étant trop onéreux pour ma famille, à l’époque il fallait acheter les livres) je m’efforçais de bien travailler, mais sans joie… une fois de plus ma mère avait orchestré d'une main d'une main magistrale mon devenir…

 

-tu seras secrétaire ma fille !

 

Et pour compléter la panoplie de la parfaite ados modèle…

 

-bilingue(à l’époque parler anglais était encore une signe de bonnes études)

 

Ce fut la meilleure façon de me fâcher à vie avec la langue de Shakespeare !

Refusant (dans ma tête) de rester coincée entre la machine à écrire,

ses tabulateurs, et ces signes kabbalistiques relevant du vermicelle en

folie appelés sténo…

 

 

Je lâchais le chemin de vie tracé par mes parents et me lançais dans le vide…sans filet !

 

C’est ainsi que je m’inscrivis à un concours pour intégrer une école d’art plastique, naturellement en cachette de la haute autorité…

 

Pour la première fois dans ma vie d’écolière, je sèche les cours,et je vais sereinement à ce concours… malheureusement, le hasard me joua un vilain tour : la fille d’un copain de mon père était présente, et...

s’empressa en toute innocence d’aller moucharder !

 

Foudre paternel naturellement, mais devant le résultat plus qu’honorable...

Je pus intégrer cette école qui bouleversera ma vie et celle de ma mère

par la même occasion !

J’avalais les études avec boulimie et obtins mon diplôme sans difficulté.

 

J’avais trouvé ma voix, quoique la peinture, la céramique, le dessin de mode, n’étaientvraiment pas ma tasse de thé, je n’aimais que l’art graphique !

 

Ne sachant trop que faire, comme profession, mais sure de ce que je ne voulais pas, je me laissais tenter par mon boy mon boy-friend de l’époque qui commençait des études d’architecte aux Beaux Arts.

 

Architecte pourquoi pas.

 

J’étais loin de me douter que je venais de mettre le pied dans une fourmilière

 

géante de machos.

 

Je passerai sous silence les quolibets de mes condisciples lorsque pour la première fois je me présentais …dans mon atelier, nous étions 3 filles pour une bonne trentaine de garçons !

 

Et je ne parle pas des ateliers concurrents

 

Nous devions monter très vite ce superbe escalier du Quais Malaquais, si nous ne voulions nous faire coincer par les étudiants de ces ateliers, et nous faire  séquestrer pendant quelques heures, voire plus.

 

En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, je fus déniaisée verbalement.

 

Je ne sais pas comment je réussis à garder la tête haute, mais je passais sans trop de dégât cette première étape dans ma vie de femme du bâtiment !

 

Ce n’était qu’un début…

Les études avancent, mai 68 vient chambouler la donne, mon école ferme.

 

Mais là encore le hasard, le destin, la chance, mis sur mon chemin d’étudiante en errance un homme (homosexuel, il est vrai!) sut me faire confiance…

 

Venant d’acheter un studio, rue Grégoire de Tours, il me demande de le restructurer…

Ne doutant de rien et surtout pas de moi je me lance dans l’aventure !

Je dors très mal, car cet appartement démoli hante mes nuits !

 

La 1èredémolition, c’est traumatisant, après on s’habitue.

Fin de mon 1erchantier…

 

Le résultat enchanta le propriétaire …une réaction boule de neige s’en suivit m’obligeant à prendre ce métier à bras le corps. Je découvris les arcanes de la rénovation et aussi le machisme des hommes du bâtiment.

 

Un milieu d’homme où les femmes n’avaient pas leur place !

Un silence à couper au couteau envahissait le chantier dès que j’y mettais mon pied.

Ils s’arrêtaient de travailler, accrochant à leur face un sourire narquois et même grivois (j’avais 22, 23 ans à l’époque !)

Très vite je compris que si je voulais me glisser parmi eux, je devais connaître  mon dossier sur le bout des doigts

 

Ils m’attendaient au tournant, j’étais la patronne mais je n’avais pas le droit à l’erreur.

 

J’appris très vite à toujours demander les choses en douceur, sans élever la voix.

J’avoue qu’au début je jouais de ma condition de femme, un sourire, un regard…

l’homme même macho à du mal à résister !

Mais j’avançais dans la connaissance de ce milieu, j’appris à les aborder.

j’étais si passionnée par ce métier, que je mis tout en œuvre pour m'immiscer

dans cette confrérie du bâtiment si particulière.

 

Maintenant ce n’est plus pareil, le bâtiment se féminise, les femmes architectes, architectes d’intérieur, designer, sont pléthores et il n’est pas rare de rencontrer des menuisières, des plombières, des carreleuses, électriciennes etc. sur les chantiers, tous ces noms qui n’avaient pas de féminin !

 

Naturellement il va s’en dire que le port de la jupe n’est pas usité !

Mais je suis toujours restée une femme, avec mes qualités et mes défauts féminins.

Je n’ai pas cherché à imiter les hommes et je dois dire que maintenant

je travaille en confiance avec des équipes qui ont appris à me voir dans leur univers.

 

Je réussi à m’imposer comme maître d’œuvre sans  en imposer, sans exiger!

J’ai travaillé avec mes armes de femme !

 

Toutefois ayant déménagée il y a 3 ans en Province, j’entrepris la rénovation de ma maison.

Au début du chantier, je m’aperçus avec horreur que les entrepreneurs

auxquels je m’adressais, répondaient…A mon mari !

 

Vieux reflex de caste pas encore disparus en province ! en 2008

La vie professionnelle passant, je ne dirais pas que la routine s’installe, mais

je suis plus aguerrie aux aléas qui inévitablement jalonnent les chantiers.

Comme je m’y attends, je les devance, et je ne me laisse jamais prendre

au dépourvu.

 

Et lorsqu’ils me posent une question un peu tordu, histoire de voir…

 

Mon cerveau a pris l’habitude de fonctionner comme une machine à sous en folie, afin de me permettre de leur donner une réponse très rapidement.

Maintenant que je vis et travaille en Province avec une équipe qui commence à

se familiariser avec ma façon de faire, j ‘ai dégagé du temps…circulation, stationnement…

 

donc les rendez-vous respectés etc..

cela me permet de me consacrer à ma 2èmepassion : l’écriture, oubliée

sur le bas côté de ma vie pendant toutes ces années parisiennes.

 

Et je dois dire que lors de la construction, pardon l’écriture de mon premier roman, j’ai éprouvé le même ressenti que pour mon premier chantier : naviguer à vue en gardant dans ma ligne de mire : l’aboutissement de l’ouvrage.

 

Une fois de plus je me suis jeté dans l’abîme, en sachant seulement que je voulais réussir… comment ?

Je l’ignorais mais j’avançais…pour découvrir finalement

Une autre sorte de ségrégation, celle oh ! Combien arbitraire du landerneau

littéraire.

 

Le roman terminé…alors…commence :

La chasse à l’éditeur…difficile sans munition, c'est-à-dire, sans recommandation, sans faire valoir, sans viatique émanant d’une personne bien en cour.

 

Et puis j’ai fait fort, j’ai mis de mon côté tous les désavantages :

 

-mon âge en ce siècle de jeunisme récurant

-une étoile de David sur la couverture

-un premier roman

 

Heureusement, j’ai trouvé un petit éditeur et qui plus est un pionnier dans le combat pour l’égalité des sexes, c'est-à-dire qu’il s’engage à défendre la règle grammaticale de proximité !

 

Pour lui : à bas, le grammairien Claude Favre de Vaugelas qui en 1647 avait décrété :

 

le genre masculin est le genre le plus noble», repris en 1767 par Nicolas Beauzée qui fit plus fort :

 

Le genre masculin est réputé plus noble que le genre féminin, à cause de la supériorité du mâle sur la femelle !

Depuis 1998 les choses ont changé…maintenant nous disons :

Que les hommes et les femmes soient belles !

 

 

Chantal

 

 

extrait d'une conférence le 30 janvier 2012 à Paris

 

thème: choisir de se réaliser!

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commentaires

G
Entre les culottes Petits Bateaux, les robes smockées de ma tendre enfance, et l’austérité de mon adolescence studieuse, je n’ai fait que suivre les directives de ma mère et les interdits de mon<br /> immigré de père !<br /> <br /> Petit Bateau est le nom d'une marque et ne s'accorde pas.<br /> Ecrivez-vous: Des sacs Diors ???
Répondre
L
<br /> <br /> merci de vos remarques. Bien souvent la main se laisse emporter sans trop de reflexxion.<br /> <br /> <br /> me permettez-vous à l'avenir de vous envoyez mes textes pour "une bonne correction!"<br /> <br /> <br /> merci<br /> <br /> <br /> <br />
G
"Je lâchais le chemin de vie tracé par mes parents et me lançait dans le vide…sans filet !"<br /> <br /> Je me lançais SVP.<br /> <br /> "C’est ainsi que je m’inscrits à un concours pour intégrer une école d’art plastique, naturellement en cachette de la haute autorité… "<br /> <br /> je m’inscrits : pouvez vous expliquer l'orthographe que vous choisissez ?
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  • issue d'une famille de marranes,je suis très attachée à mon identité juive,et à toutes ces traditions qui ont bercées ma jeunesse. 
 je suis passionnée pour mon métier d'architecte d'intérieur et par  l'écriture  qui me permet le rêve.
  • issue d'une famille de marranes,je suis très attachée à mon identité juive,et à toutes ces traditions qui ont bercées ma jeunesse. je suis passionnée pour mon métier d'architecte d'intérieur et par l'écriture qui me permet le rêve.

l'auteur

Chantal FIGUEIRA LEVY, écrit depuis quelques années des romans autour de personnes réunies par la même recherche d'identité.

Son personnage principal est Julia FRANCES.

Dans la vie professionnelle, Chantal FIGUEIRA LEVY est architecte d'intérieur, et de ce fait , son héroine évolue dans ce milieu.

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